Choisir ses conseils d’écriture

« On parie combien qu’il va dire que les siens sont meilleurs que les autres ?
— C’est couru d’avance… »


Dès qu’on parle « conseils d’écriture », cela a tendance à déclencher des discussions houleuses sur les réseaux sociaux. D’un côté, les auteurs plus ou moins novices sont en quête d’avis ou de méthodes ; d’un autre, tout un pan d’artistes s’offusquent qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire et comment ils doivent le faire. En conséquence, on est en droit de se poser la question : y a-t-il de « bons » et de « mauvais » conseils d’écriture ? Quel genre de conseils rechercher lorsqu’on est auteur ? Lesquels vaudrait-il mieux éviter ?

Réflexion.

Deux sortes de conseils

À ma droite, les amateurs de méthodes qui t’expliquent comment tu dois écrire ton livre. À ma gauche, ceux qui répètent à l’envi que chaque auteur est différent et doit faire comme il l’entend sans contrainte. Et au milieu, probablement toi qui lis en ce moment ce blog de conseils d’écriture, et moi qui tiens ledit blog.

Je pense que les deux camps ont raison, mais qu’ils parlent en fait de deux choses très différentes, raison principale pour laquelle ils sont irréconciliables. Pour y voir plus clair, je te propose de différencier deux types de conseils d’écriture :

– ceux qui s’intéressent à l’auteur et à son « process » d’écriture ;
– ceux qui s’intéressent aux textes et aux mécanismes des histoires.

Process d’écriture

Voici quelques exemples de sujets que je vois revenir régulièrement sur les réseaux sociaux et les blogs : faut-il écrire tous les jours ? Faut-il faire un plan avant d’écrire (auteurs architecte vs jardinier) ? Faut-il faire des fiches de personnages et si oui que mettre dedans ? Faut-il laisser reposer un texte avant réécriture ? Comment procéder à une bêta-lecture ? Dans quel ordre traiter ses corrections ? Écrire son premier jet d’un trait ou corriger au fur et à mesure ? Écrire le matin ou le soir ? Avec de la musique ou en silence ? Sur papier ou sur ordinateur ? Sur un traitement de texte ou un logiciel spécialisé ? Etc.

Ce sont ce que j’appelle des réflexions sur le « process » d’écriture, c’est-à-dire « comment un auteur s’y prend au quotidien pour écrire un livre ». J’ai commis moi-même quelques articles de ce genre (mea culpa), mais je pense aujourd’hui que ce sont les conseils d’écriture dont tu devrais te méfier le plus. Non pas que ces sujets soient inintéressants, mais la conclusion est toujours la même : il n’y a pas de vérité, pas de bonne ou de mauvaise façon de faire. J’irais même jusqu’à dire que nous devrions nous comporter avec nos livres comme des illusionnistes avec leurs tours : nos pratiques, toutes personnelles, devraient rester derrière le rideau. On n’a pas besoin de savoir ce que tu fais, tout seul avec ton clavier ou tes stylos.

Il existe autant de façons d’écrire que d’auteurs et de nombreux chefs-d’œuvre ont été créés de façons complètement différentes. Alors oui, si tu débutes et que tu te sens perdu(e), tu peux toujours te renseigner pour savoir comment font les autres… mais la vérité vraie, c’est que ce n’est pas parce que ça marche pour eux que ça marchera pour toi ; et que ce n’est pas parce que tu fais différemment que ça ne marchera pas. Autrement dit, à part te complexer et attiser ton syndrome de l’imposteur, ces conseils ne te serviront pas à grand chose et sont plus dangereux qu’utiles.

Mécanismes d’histoires

Mais il existe d’autres types de conseils d’écriture, qui abordent des sujets liés à la narration et la dramaturgie d’une part (objectifs des personnages, obstacles, enjeux, rythme, construction des personnages), et à la technique d’écriture elle-même d’autre part (gestion des points de vue, temps de narration, grammaire et orthographe, typographie).

Ici, il s’agit de sujets d’études qui se concentrent – non pas sur l’auteur – mais sur le texte. J’ai envie de dire que ce ne sont même pas des « conseils » : ce sont des outils, fruits de siècles d’étude de la littérature. Ce sont – à mon avis – des éléments bien plus pertinents pour t’aider dans ta pratique, puisqu’ils t’aident à comprendre comment elle fonctionne.

Alors bien sûr, tous ces sujets ne comportent pas de vérités universelles : s’il n’existe qu’une orthographe française (quoique ;)) certains théoriciens de la dramaturgie sont parfois en désaccord. D’un genre à l’autre, les pratiques varient. De même, les cultures ont beaucoup d’impact sur la façon de narrer les histoires, et un bon récit en France est différent d’un bon récit au Japon. Pourtant, lorsqu’on s’y intéresse, on distingue des principes fondamentaux récurrents, des liens logiques entre la façon d’écrire et l’impact sur le lecteur, des relations causes/conséquences. Apprendre tout cela te fournit un bagage de base qui me paraît indispensable à la compréhension de ce qu’est un bon texte et à l’analyse des romans que tu lis. Je n’ai jamais regretté la lecture d’un ouvrage technique concernant l’écriture, et j’y ai toujours appris quelque chose d’utile.

Des auteurs narcissiques ?

J’ai déjà laissé transpirer ce point de vue dans mon article sur les blocages d’écriture : je pense qu’on gagnerait à lever un peu le nez de nos nombrils. Au lieu d’être obnubilés par « qu’est-ce qui fait de nous un (bon) auteur » nous devrions surtout nous intéresser à « qu’est-ce qui fait qu’un texte fonctionne ». Cela devrait être notre seule et unique préoccupation.

Si tant d’auteurs se considèrent comme des imposteurs, c’est parce qu’ils sont persuadés de ne pas s’y prendre « comme il faut », de ne pas procéder « comme de vrais auteurs ». Mais il n’existe pas de « charte du bon auteur », et on se moque bien de savoir comment tu t’organises au quotidien pour écrire tes livres.

En revanche il existe des livres qui marchent et d’autres qui ne marchent pas (parfois même cohabitent-ils dans la bibliographie d’un même auteur). Apprendre la partie technique de l’écriture, la base du fonctionnement des histoires, te permet de travailler à produire de bons textes.

***

Quel que soit l’Art concerné, il existe deux étapes fondamentales à la création d’une bonne œuvre :

  • avoir de bonnes idées, de l’imagination et de la créativité : cela, personne ne peut te l’enseigner et il n’existe aucune méthode universelle ;
  • en réussir la mise en oeuvre : même si certains en rejettent l’idée, il y a bel et bien un volet technique à l’apprentissage de l’écriture, comme dans tous les arts et artisanats. Et cela, ça s’apprend (et nonla technique ne bride pas la créativité, c’est même tout le contraire).

Donc mon conseil est de sélectionner les ouvrages ou articles que tu lis sur l’écriture : tu peux te passer de ceux qui t’expliquent comment te comporter en tant qu’auteur (par exemple, l’article que tu es présentement en train de lire ;))

Les seuls bons conseils d’écriture sont ceux qui te parlent effectivement d’écriture.

M’enfin, ce n’est que mon avis.


« Tu crois qu’il écrit ses articles le matin ou l’après-midi ? Directement sur WordPress ou d’abord sur un cahier à spirales ? D’un trait ou en plusieurs fois ? Avec ou sans chaussettes ?
— On. S’en. Tape. »


(13 commentaires)

  1. Je vais passer rapidement sur deux sujets de ton article : les conseils traitant du mécanisme des histoires et le fait que chaque auteur est différent et doit trouver la méthode ou process qui lui convient.
    Pourquoi je passe là-dessus ? Parce que je suis d’accord avec toi et qu’un bon commentaire c’est comme une bonne histoire. S’il n’y a pas de conflit, on s’ennuie. 😉
    Pour le reste, désolé, mais non : « On » ne s’en tape pas. D’ailleurs qui est-ce « on » ? Les auteurs ou les lecteurs ? Voyons voir…

    Les auteurs ne s’en tapent pas parce qu’écrire ne se résume pas à écrire justement. Nous avons la chance de vivre une époque où écrire un livre et le publier est à la portée de tous… mais tout le monde ne sait pas comment s’y prendre. Parce que c’est nouveau. Parce que c’est un travail énorme. Parce que ça fait peur. Beaucoup ont besoin de méthodes pour se rassurer et les aider à se mettre en selle. Écrire demande le bon état d’esprit autant que des connaissances en matière de style ou de structure d’une histoire. Il existe des milliers de manuscrits inachevés pour en témoigner.
    Il y a des centaines de méthodes, des milliers de prétendants au titre d’auteur et aucune de ces méthodes ne conviendra à toutes ces personnes. Celui qui dit le contraire est un menteur, et c’est précisément la raison pour laquelle il est nécessaire de partager le plus de méthodes possible. C’est le meilleur moyen de permettre à UNE personne de trouver LA méthode qui lui conviendra. Elle s’en imprégnera, changera un détail, puis deux, puis la tournera à sa sauce et ce sera très bien comme ça. Mais sans ce premier coup de pouce, c’est peut-être un nouveau chef d’œuvre, une nouvelle vocation qui seront tués dans l’œuf. Quel dommage !

    Les lecteurs ne s’en tapent certainement pas. Ils ne s’en sont jamais moqués. Je dirai même qu’ils s’y intéressaient avant les auteurs. Les reportages, les interviews, les films, les livres, les biographies montrant l’envers du décor n’existeraient pas s’ils s’en tapaient. Dans un monde hyperconnecté et aussi bruyant que le nôtre, oublier de montrer l’envers du décor est une énorme erreur, car c’est se priver de la curiosité du lecteur pour notre travail, de son intérêt. Personne ne peut se passer de cela aujourd’hui, sauf à n’écrire que pour soi et soi seulement. Mais si c’est vraiment le cas alors, pourquoi publier ?
    Montrer où on travaille, avec quel outil on travaille, pourquoi et comment on travaille devrait être une préoccupation quotidienne pour l’auteur qui veut être lu. Parce qu’aujourd’hui, écrire ne suffit plus.

    M’enfin, ce n’est que mon avis 😉

    Aimé par 2 personnes

    1. Étant donné le sujet, l’absence de polémique aurait presque été décevante, je te l’accorde (rires).
      🙂
      Bon, ceci dit, je ne sais pas trop quoi dire de plus. En fin d’article je fais preuve d’ironie envers moi-même : cet article donne des conseils aux auteurs sur la façon de se comporter, et donc (selon mon propre argumentaire) il n’est pas très utile, car sur ce type de sujets chacun voit midi à sa porte. Si toi ou d’autres jugez utile de lire des guides ou des articles de ce genre, eh bien faites-le (il y a en a de plus en plus, donc nous ne risquons pas vraiment la pénurie).
      Mon avis personnel reste que c’est très chronophage pour un apport bien limité, et que ces questions détournent beaucoup de gens d’un apprentissage plus concret et plus utile de l’écriture. Quant aux vocations tuées dans l’œuf, je suppose qu’on ne les évitera jamais : de ma propre expérience j’ai surtout vu beaucoup de jeunes auteurs se décourager parce qu’ils se forçaient à agir selon des schémas ou des façons de faire qui ne leur convenaient pas *parce que tel auteur le conseillait sur internet* (qu’il fallait faire un plan, qu’il ne fallait pas corriger en cours de route, qu’il fallait écrire tous les jours, etc.).

      Aimé par 1 personne

  2. Merci pour cet article très intéressant ! C’est marrant parce que je prévois aussi un article sur le thème un peu plus large de « comment apprendre à écrire »^^. Sur le fond, je suis d’accord avec toi : chaque auteur a sa méthode. Mais j’en tire une conclusion un peu différente de la tienne : si toutes les méthodes sont différentes, autant les connaitre pour réussir à se forger la sienne. Du coup, je préfère les conseils qui font un tour d’horizon de ce qui est possible (les cours de Brendan Sanderson, par exemple). En tant qu’autrice débutante (catégorie dans laquelle je me classe, même si je suis déjà passé au moins une fois par toutes les étapes d’écriture d’un roman, donc j’ai maintenant à peu près ma propre méthode), ça m’a aidé d’avoir un panorama des méthodes et techniques. Par exemple, il y a autant de façons de faire un plan (ou de ne pas en faire) que d’auteurs, mais si tu ne sais pas que c’est possible de faire un plan, tu te prives d’un truc qui aurait peut-être super bien marché pour toi. Ma technique de débutante, ça a été de lire un peu de tout, et de piocher ce qui m’intéressait. Je pense que j’ai gagné pas mal de temps, par exemple sur les corrections où c’est facile de se sentir perdu. Même en ayant maintenant mon propre processus, voir comment font les autres peut me donner envie de tester un truc, pour voir si ça marche mieux pour moi que ce que je fais actuellement. Mais j’avoue que c’est aussi un plaisir pour moi de voir comment d’autres auteurs s’organisent, donc j’aurais moins tendance à considérer ça comme du temps perdu, au pire c’est un divertissement^^.
    C’est rassurant quand on débute d’avoir une idée de ce qui est possible, mais il y a un point sur lequel je te rejoins totalement : il ne faut clairement pas prendre un bouquin et se dire « il faut absolument que j’applique cette méthode à tout prix ». C’est d’ailleurs aussi pour ça que je fais des critiques de livres de conseils d’écriture : pour souligner qu’un peu d’esprit critique est nécessaire quand on lit des conseils…
    Encore merci pour cet article qui m’a fait réfléchir (notamment sur la distinction entre processus d’écriture et techniques narratives et stylistiques)

    Aimé par 2 personnes

    1. Comme je l’ai fait remarquer dans un autre commentaire, cet article appartient lui-même à la catégorie des articles qu’il conseille d’éviter. Par sa nature, il est évident que les avis divergent fortement d’un auteur à un autre, et que personne n’a raison.
      Je tiens ce blog avant tout pour moi, parce que je réfléchis mieux à l’écrit et que rédiger ces articles m’oblige à prendre du recul et du temps pour découvrir le fond de ma pensée. Personnellement, je vais sans doute lever le pied (voire arrêter complètement) d’écrire des articles de la première catégorie, et ne parler que technique. Mais tout un tas d’auteurs font le contraire, donc les amateurs comme toi ne seront pas en manque.
      🙂

      J’aime

      1. Oui, je ne m’inquiétais pas tellement pour ça^^. Et même si je trouve les articles sur le processus intéressants, je trouve aussi qu’on manque cruellement d’articles sur la technique (en grande partie parce qu’ils demandent beaucoup plus d’expérience et de maitrise que les articles sur le processus), donc j’attends les tiens avec impatience !

        Aimé par 1 personne

        1. Je ne pense pas que ce soit vrai : on manque d’articles techniques par manque d’intérêt des auteurs pour les aspects techniques. Je n’invente rien, hein : mes articles techniques ne proviennent pas de mon esprit, je ne fais que relayer ce que j’apprends par ailleurs. C’est de la propagation de connaissances (on ne vous demande pas d’inventer de nouvelles théories littéraires).
          Au lieu de cela les auteurs se repassent plein de pratiques personnelles pas toujours très pertinentes, parce que c’est facile et ne demande pas beaucoup de recherche, au lieu d’échanger et partager *vraiment* sur l’écriture. Je ne suis pas plus expérimenté que les autres. C’est juste que je m’intéresse à des choses dont bien peu d’auteurs semblent friands.

          J’aime

  3. Merci pour cet article riche, argumenté et qui visiblement nourrit les réflexions des lecteurs. Je trouve que l’idée de faire l’inventaire des articles consacrés aux conseils d’écriture est une démarche utile et très salutaire.

    Je pense que la distinction que tu établis existe, et mérite d’être soulignée. Cela dit, comme tu as un esprit très cartésien, tu y accordes sans doute plus d’importance que moi. Alors que les expériences des auteurs peuvent être très différentes, à quoi bon s’intéresser à celles des autres, dans la mesure où il est très peu probable que l’on en tire une méthode que l’on puisse s’approprier – pire même: vouloir marcher dans les pas d’un autre écrivain risque de nous faire perdre du temps. Non, ces articles n’offrent pas de solutions directement utilisables et ne résolvent pas de problèmes, et tout auteur qui les aborderait en espérant y trouver l’équivalent d’un mode d’emploi ou d’une notice de montage repartirait déçu. Quelqu’un qui prodiguerait ce type de conseil en faisant miroiter ce genre de résultat serait un charlatan.

    Cela dit, je ne pense pas que la plupart des gens abordent ce type d’article dans cette optique. Ils ne sont pas en quête d’une méthode à appliquer telle quelle, ils ne cherchent pas une solution toute faite à leurs problèmes: ils se contentent, comme le font les auteurs, de chercher de l’inspiration. Ils ne lisent pas ces articles comme des recettes à appliquer, ils les picorent, en retiennent quelques phrases, se les approprient, les modifient et les adaptent à leur propre situation. Si j’explique comment je construis mes plans, je ne m’attends pas à ce que qui que ce soit se mette en tête de faire comme moi (même moi, je ne fais pas comme moi), par contre, quelqu’un pourra capter une idée au détour du texte qui viendra fertiliser sa propre méthode, et donner des résultats inattendus qui dépasseront les ambitions initiales de l’article. Frotter son expérience à celle des autres, ça n’apporte peut-être pas de solutions, mais cela peut élargir le champ de nos méthodes et de nos curiosités et désigner des voies que l’on n’avait pas envisagées.

    Aimé par 1 personne

  4. À nouveau : j’entends bien vos arguments, et je suis d’accord avec vous. OUI, pour certains auteurs, ce type d’articles est intéressant et utile. Mais je maintiens : pour d’autres non, et pour une certaine frange d’auteurs angoissés et novices, ce sont même des pièges (j’espère que tu as raison de penser qu’un majorité a le recul nécessaire et n’aborde ces articles que pour y puiser un peu d’inspiration, mais aux vues des discussions que je vois passer sur les réseaux, j’en doute *très* fortement).
    Mon propos est juste de souligner que les articles techniques, eux, sont intéressants et utiles à TOUS, et qu’on devrait donc y accorder – collectivement – un peu plus d’importance qu’aujourd’hui (les auteurs en lisant trop peu et en écrivant trop peu, je pense).
    C’est un peu comme l’adage « montrer plutôt que raconter » : ça ne veut pas dire qu’il ne faut QUE « montrer » tout le temps et complètement abandonner le « raconter ». La radicalité de la formule (et de cet article) cherche juste à souligner un (trop important ?) déséquilibre dans les pratiques actuelles.
    Mais cela ne reste que mon avis.
    🙂

    Aimé par 1 personne

  5. Comme d’habitude, une superbe réflexion, intelligente. Qui me confirme que ton blog est incontournable. Oups on diraot un faux commentaire. Wahaha! Désolée.
    Continue tes articles je me régale ! Merci beaucoup.

    Aimé par 1 personne

  6. Pardon pour la séance de psychologie de comptoir qui va suivre.

    L’auteur est avant tout le reste un être humain. Et quand il se lance dans cette activité chronophage et masochiste qu’est l’écriture, il renonce en partie à ses loisirs et autres moments de socialisation. Comble de malchance, quand ça devient dur (d’écrire) ses fréquentations habituelles, composées de gens normaux (famille, amis, collègues) ne comprennent rien aux soucis qui sont les siens. Je pense que c’est à ce moment-là que les articles « process » peuvent se révéler utiles.
    C’est quand les premiers manuscrits piétinent, quand le doute s’installe et qu’on commence à se dire que le problème provient surtout de l’interface chaise/clavier qu’on se tourne vers ce type d’article. Pas tant pour le process que pour se sentir moins seul paradoxalement. C’est rare qu’un auteur débutant ne cherche pas la preuve que c’est possible, que d’autres sont passés par là avant lui.
    Ces articles, en tout cas ceux que j’ai lus, étaient soit écrits, soit lus pour ça. Le fait qu’on en tire parfois une ou deux astuces n’est finalement qu’un effet secondaire.
    Les articles « process » ne sont fondamentalement que des articles de motivation, de soutien ou de validation, même s’ils s’ignorent parfois.
    En effet, celle ou celui qui vient y chercher des conseils à suivre à la lettre s’expose à de graves désillusions. J’ai peur que ces billets (pourvu que leurs auteurs aient conscience de la vraie nature de ce qu’ils écrivent) soient indispensables à pas mal de scribouillards wanabee.
    Certains y trouveront la validation et l’émulation qu’ils cherchent, d’autres seront dégouttés au point d’abandonner. Je ne pense pas que cela vienne de l’article, plutôt du lecteur. Le faux écrivain va se décourager, le *vrai* scribouillard cherchera le ou les articles qui lui conviendront jusqu’à les trouver. De toute façon, c’est dans ses tripes, il faut que ça sorte !

    En revanche, une fois leurs process personnels construits, les lecteurs se tournent vers les articles qui mettent les mains dans le cambouis de la narration et dans les tripes du drame…

    Ceci étant dit, je veux bien reconnaître qu’on manque de billets de ce type. Par chance, il semble qu’il y ait ici un filon assez prometteur.
    Ça ne t’ennuie pas si je prospecte ?

    Aimé par 1 personne

    1. Prospecte donc ! Et merci pour ton long commentaire (pour tes longs commentaires 🙂).
      Ce que tu dis n’est pas faux, mais je me place du point de vue des auteurs desdits articles, qui pensent bien trop souvent « avoir raison », quel que soit leur bord, et y compris chez des gens célèbres : je ne pense pas que les wannabe auteurs arrêteront de lire ce genre d’articles, mais ça serait bien que les auteurs en place cessent de les écrire (et de les croire). Parce que ça signifie aussi que ceux qui écrivent ces articles pensent que leur réussite vient de leur process, ce qui n’est pas le cas. Une histoire est réussie grâce à ce qui la compose, pas grâce à la façon dont on s’y est pris pour assembler les morceaux.
      A+ !

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire